Conseil de lecture : Le clan des seigneurs

Lire « sur du papier », dans des vrais livres, choisis, ou à la rigueur sur une « liseuse» de livres numérisés, mais surtout pas en lisant à la volée sur des appareils portatifs des messages, le plus souvent mensonges ou à 90% Fake, Facebookés, Intagrammés, Tictoqueés, sur X ou je ne sais quelle invention sournoise ou débile de ce siècle destinée à « déculturer » le peuple. Il me parait être dorénavant, (c’est-à-dire que j’en suis désormais convaincu) que lire sur du papier demeure le seul moyen de sauver ce qui reste de vérité à injecter au secours du cerveau de nos descendants, pour faire perdurer ce qui est, depuis le siècle des lumières jusqu’à celui de la pénombre, c’est à dire le 21è, sauver je répète, le savoir et l’érudition, l’intelligence et la pertinence, la loyauté et la franchise, le discernement et la raison, bref, tout ce que peut contenir une cervelle éduquée pour le futur proche de la carcasse qui la transporte et pour l’avenir de ce monde. Bien évidemment, c’est entendu, sans autre recours artificiel à des technologies numériques prétentieuses faussement nommées intelligences, dont on serait bien avisés de ne s’en servir que pour actionner nos machines, nos serveurs et nos calculatrices.
A ce sujet, en complément de la fameuse phrase de « Terre des hommes » de Saint EXUPERY, « nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants », j’ajouterai « de quels enfants ? Ceux que nous auront laissé être diminués au rang inférieur, assujettis aux machines qui leur dicteront l’avenir de la planète.

Pour en revenir à la lecture, je prendrais pour premier exemple, quelques lignes d’un très gros livre que j’entame, page 16, dans son paragraphe introductif, par lesquelles l’auteur met sous mes lunettes un mot qui pour moi soutient assez bien la métaphore : « HYDROPONIE ».
Question métaphorique, les fraises ou les tomates du sud de l’Espagne en sont témoins. Aucun goût, forme parfaite, couleur unie, texture idéale, toutes identiques ou ressemblantes, comme de nombreux cerveaux pourraient l’être dans peu de temps, s’ils ne le sont pas déjà.
L’hydroponie humaine serait ainsi : la culture dans le sable, la pouzzolane, des billes arrosées, sous serre chauffée. Cela semble, sans inquiéter quiconque, s’agissant de la formation des humains, convenir tout à fait à l’avenir des métiers.
Le tertiaire, comme on le nomme qui, longtemps marginal bien qu’indispensable, se généralise en grande vitesse pour devenir le futur unique des métiers dans un pays qui a choisi le bureau, l’agence locale, la plateforme logistique, les hectares commerciaux en tôle ondulée, le gratte-ciel, style NYC et son rez-de-chaussée, multisalle de ciné, commercial au burger-comme ci et au burger-comme ça, toujours rapide et insipide, le tertiaire, c’ est le vide du cosmos.
Un pays dont les élites ont tout oublié et qui n’en kiffent, poussés par une pandémie bruxelloise, que pour le service, le tourisme, l’immobilier, la bourse dérégulée et spéculative, la norme européenne déjugée ici mais finalement imposée, est un pays en décrépitude. Si on y ajoute la libre propagande en publicité débile et une junte journalistique vassalisée, la putréfaction s’accélère.
Un pays qui a choisi de sacrifier, en plus de son école, sa santé publique, sa justice même et j’en passe, mais aussi le façonnage de la matière, le copeau des ateliers, le ronronnement des usines, les abandonnant à l’est, à l’orient, et fatalement définitivement à la Chine est un pays fini. Celles et ceux qui ont lu Alain PEYREFITTE, « Quand la Chine s’éveillera », paru en 1973, ne s’étonnent pas de la réalité. Encore faut-il lire.

Autre exemple, de dégringolade « bleu blanc rouge »  pioché également dans la lecture, « LE CLAN DES SEIGNEURS », ou « immersion dans la caste d’état ». La caste en question étant l’une des plus connue : Auréolé et anobli à vie par son histoire aux débuts louables et respectables, puis devenu l’une des castes mafieuses (d’après l’auteur), le Corps des PONTS est ici dépeint avec sévérité.
Un ingénieur (quant à lui de la caste des techniciens) nous raconte un pseudo-roman qui sent le vécu. Il s’agit d’une partie de sa carrière au sein d’une institution commerciale primordiale pour notre pays, la gouvernance indigne des ports français. Leur gestion fut confiée puis délaissée au bon vouloir du Corps et à ses parrains, dans un contexte maritime mondial dont l’évolution exponentielle aurait dû nous être bénéfique, nous la France, pays de mers par excellence. Il faut lire ce que la quatrième de couverture révèle fidèlement.
En lisant ce livre bouleversant, nous reconnaitrons peu ou prou les travers de nos vies professionnelles, les mentalités, les sournoiseries, les accords douteux, les trahisons, quelques rares sincérités. A chacun d’en juger.

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