En ces temps de grands débats, notamment à l’Assemblée Nationale avec la Commission menée par le député Raphaël SCHELLENBERGER, il nous est régulièrement fait état du fiasco financier et industriel dit le « retard de Flamanville ».
Comment ne pas se souvenir de ce que les gens de ma génération ont vu, de leurs yeux, se réaliser.
Les installations industrielles du Tricastin sont nées en moins de temps qu’il n’en faut aujourd’hui pour construire et faire démarrer un EPR. Comment cela se peut-il ?
La plaine qui héberge encore l’essentiel des emplois salariés de ce domaine industriel, le Tricastin et ses abords, n’était que terrains vagues et zones inondables dans les années 60. Certes, de grandes réalisations avaient déjà animé la région auparavant, comme le gigantesque canal Donzère Mondragon, la magnifique usine BLONDEL et son imposante écluse.
Les villes et villages environnants des 4 départements ont grandi durant ces années, et le tracé de l’autoroute du soleil est venu supplanter les deux Routes Nationales qui menaient aux rives de la Méditerranée. N7 pour la cote d’azur et N86 pour le littoral languedocien. Avant que n’arrive le TGV en 1981, l’état Français qui avait hésité sur les régions pour investir, d’abord pour le besoin militaire puis les usages du civil, sous l’influence, entre autre de M. Pierre TARANGER, le père de Michel, choisit la basse vallée du Rhône. Au début Marcoule plutôt pour le militaire, puis Pierrelatte pour des unités pilotes (militaires aussi) et le grand chantier du civil.
Tout cela est magnifiquement raconté dans le livre « EURODIF, Histoire de l’enrichissement de l’Uranium » de Jean Pierre DAVIET. Pour les 20 ans d’Eurodif (1973 à 1993), cet ouvrage fut offert à chacune et chacun d’entre nous.
Il faut le relire pour se rendre compte, 30 ans après, combien notre pays a perdu de sa superbe.
Il faut le ressortir, le dépoussiérer, ce beau bouquin pesant et indéchirable, et le montrer à nos enfants, pour leur redonner goût aux grandes œuvres industrielles qu’il nous faudra bien réapprendre à implanter sur nos territoires, au risque de les voir périr avant que ne meurent aussi les mégapoles, résignées au commerce impitoyable et forcé, étouffées, sans respiration dans leur tertiaire infertile, et impuissantes puisqu’orphelines de leurs propres ressources nationales.
Evidemment, tout le monde peut penser ce qu’il veut des 50 années qui viennent de s’écouler, certains peuvent bien accuser la génération BOOMER, comme on l’entend, d’avoir gâché la vie de ce qui vont nous suivre, mais les faits sont bien réels, nous ne savons plus faire grand chose, à part taper sur des claviers et créer des start-up artificielles. La crise du COVID a révélé que le travail utile n’est pas nécessairement au chaud dans un bureau devant un écran, même si on veut nous faire croire au « télétravail ». C’est comment, le télétravail pour faire un canal sur le Rhône, une écluse, une usine de 250 hectares ? c’est comment ?
Ah oui ! la sobriété, OK, on rase tout et on n’a plus besoin d’autoroute de TGV de RN7 et 86, de voiture, de KWh, et encore moins d’enrichissement d’uranium.
Pour qui veut bien se souvenir, voici un extrait du livre EURODIF : Pour lire les pages entières, pivoter le texte et utiliser les curseurs.
Bonne lecture.