EDF Nationalisation ? Oui mais uniquement des pertes

Comment analyser la décision annoncée par notre Première Ministre ?
Nationaliser pour faire consensus à l’Assemblée ?
Rendre à l’Etat Nation 100 % de ce qui lui appartient ?

Ou bien y aurait-il anguille sous roche ?

La métaphore ne crève pas l’œil tout de suite. Et les années nous en apprennent d’autres, par exemple qu’il faut écouter d’autres sons de cloches. Et celle-là arrive à temps.

En effet on peut penser, avant les élections, à un effet de manche du renoncement au projet HERCULE.
Pour ceux qui ne savent pas qui est Hercule (dont les 4 dernières lettres en disent une bonne partie)
Une petite vidéo, ctrl/clic ci-dessous :

PROJET HERCULE : LE PLAN DE MACRON POUR PILLER EDF – YouTube

Beaucoup se seraient réjouis de ce renoncement s’il est effectif.
Mais il ne le sera sans doute pas.

Je vous propose la lecture d’un bref article parut cette semaine dans mon hebdomadaire préféré :

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EDF

NATIONALISATION (DES PERTES)

PIERRE LANN ET EMMANUEL LÉVY

Souveraineté énergétique + « protéger les Français » = « Je confirme aujourd’hui l’intention de l’État de détenir 100 % du capital d’EDF ».
Avec cette équation dans son discours de politique générale, Élisabeth Borne, en bonne polytechnicienne, sait qu’elle tient là un consensus à l’Assemblée. Pas un groupe, du Rassemblement national à la La France insoumise en passant par Les Républicains, ne saurait s’opposer à cette reprise en main par l’État. L’échec de la privatisation d’EDF menée sous Nicolas Sarkozy en parallèle à l’ouverture à la concurrence a coûté une fortune. Lesté de 80 milliards de dettes, l’énergéticien doit en plus mener de front le financement de 6 EPR à 10 milliards l’unité. La mission impossible devient envisageable avec la renationalisation et la garantie explicite de l’État.
Jean-Bernard Lévy, son PDG, peut désormais partir avec le sentiment du travail accompli : l’opérateur historique est sauvé.
Au prix d’une nationalisation des pertes…
Sur la stratégie, Élisabeth Borne n’a pipé mot. Quid de l’avenir d’Enedis, la distribution d’électricité ? Quel partenariat avec Rosatom, le géant russe de l’atome, une fois la guerre en Ukraine terminée ? Le gouvernement ressortira-t-il le plan Hercule, qui prévoyait aussi une phase de renationalisation ? Concocté en 2018 par le trio Emmanuel Macron, Alexis Kohler et Jean-Marie Messier, il prévoyait le démantèlement du groupe, au prétexte de relance du nucléaire.
Compliqué : en redonnant la priorité à la souveraineté énergétique, le contexte géopolitique et la crise sanitaire ont invalidé cette solution qui faisait la part belle au privé.

Si le retour d’EDF dans le giron de l’État peut être vu comme un bon coup de l’Élysée, il masque en réalité l’absence de sens politique du macronisme. Le rachat de 16 % des titres en Bourse ne changera pas grand-chose. « Avec ce qui s’est passé sur le marché de l’électricité en Europe, la Commission était en situation de faiblesse. Elle a même accepté que l’Espagne sorte du marché européen. Il y avait l’opportunité d’en finir avec ce dogme de la concurrence. Même la Commission a reconnu que le marché de l’électricité ne fonctionnait pas », rage-t-on dans les plus hautes sphères d’EDF.

Ne plus se plier aux absurdités de Bruxelles, voilà une vraie renationalisation de l’énergie.
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